Nous démarrons notre journée par un repas, assis à même le sol sur une natte, celui qui veux peut avoir en plus un coussin en soie.
Devant nous est déposé un grand plateau avec de nombreux mets à partager.
Il y a du riz bien sûr, mais aussi du canard, du porc grillé, de la salade de pousse de bambou, des nems ( mmmmm...), de la salade de liserons d'eau, du pho, du tofu à la tomate, etc...
On sent bien une différence, ici , entre les hommes et les femmes, qui ne mangent pas ensemble , mais séparés et qui ne partagent pas les mêmes tâches.
Après le repas, les femmes sont à la vaisselle et les hommes fument la pipe à eau et le saké maison.
Les rires fusent quelques instants puis c'est l'heure de la sieste.
Les ventilo sont sortis. Chacun s'installe sur les estrades en bois laqué, la télé en bruit de fond, et s'endort rapidement.
En tant qu'invités, nous avons droit à un petit oreiller et un rideau pour nous isoler.
On refuse.."Non ! non ! Merci , c'est très bien comme ça..." Mais finalement, nos hôtesses s'activent avec tellement de douceur et de sourires qu'on se laisse faire. Papa s'endort KO...Camille et Alex sont FIN EX CI TES...
Je les berce chacun à leur tour dans mes bras pour qu'ils s'endorment enfin..
Les jolies fenêtres vitrées de cette maison sont maintenant fermées et c'est le calme.
Les jeunes ado Muong s'allongent quelques instants. Elles regardent la télé en tripotant leur téléphone portable.
Toujours ce même décalage qui me plait au Vietnam !!!
On pourrait croire, pauvres occidentaux que nous sommes, qu'ici, on est au bout du monde...
Mais il y a un réseau téléphonique très efficace..
Une des filles se prépare à être instit', comme sa mère, dans cette maison hébergeant 3 générations.
Leurs cahiers d'étude sont bien rangés et leurs petites écritures bien travaillées. Pour sûr, le papier n'est pas gâché et l'anglais est impeccable.
Elles sont jolies et appliquées. Je suis littéralement fascinée.
Un peu curieuse, j'ai du mal à détacher mon regard de leur splendide chevelure.
L'une d'elle sort de la " salle de bain " : Petite pièce d'un mètre carré construite à côté de la maison, bétonnée à l'extérieur, totalement carrelée à l'intérieur. juste un robinet pour avoir de l'eau et un petit miroir clouté au mur.
Tout le monde n'est pas encore réveillé, mais en bas, ça bosse déjà. Une femme de 57 ans revient de la rizière, ses 2 paniers remplis de récolte. J'essaie juste de les soulever "pour voir"..
Carrément impossible, même en y mettant toute ma force...J'ai 20 ans de moins que ce petit bout de femme, et elle se marre en me remontrant comment elle soulève le tout prestement..Cela lui semble si facile et c'est pourtant si rude...
On réveille les enfants pour l'accompagner au champ ( juste derrière la maison ).
Elle est pieds nus, nous sommes chaussés.
Elle est en manche longue, pantalon..nous sommes en short , tee shirt...
On travaille à peine 5 minutes mais dès les premières secondes, on comprend toute la pénibilité de ce travail de toute une vie.
Seuls ceux qui font des études et partent en ville ont espoir d'un autre métier.
Le travail se fait en 2 temps. On rassemble déjà le riz en coupant les sommets en bouquets. On repasse une seconde fois pour le ramassage. Les quelques grains de riz tombés par terre ne sont pas perdus. A la fin de la cueillette, on amène les canards qui picorent le reste tout en nettoyant le champ.
C'est très dur.
On abandonne pour une partie de pêche qui nous est proposée par l'habitant dans leur étang artificiel posé devant la maison.
Tout est aménagé autour de la maison : l'étang, la rizière, plantation de maïs, manioc, fermette, verger..
La partie de pêche commence. Les appâts sont de simples feuilles de manioc que l'on roule en boule.
Pour ceux qui veulent, il y a aussi des petites crevettes ou des blattes.
Euh...., finalement, moi, je décide de pêcher le poisson végétarien !!!
Tout le monde s'y met..
Camille et Alex emmêlent très rapidement leur canne de bambou dans les branches et Christophe est le seul à prendre un poisson au bout de 5 minutes à peine...au manioc..
La bête fait une 20aine de centimètres et ressemble à un chevenne de chez nous.
On le remet à l'eau pour aller faire un tour à la fermette derrière l'étang.
Les canards nous accompagnent et nous montrent le chemin.
Ils sont tous là : la maman cochon et ses 15 petits, de 3 mois à 18 mois...Ceux de 18 mois vont bientôt partir au marché, coq, poules, chien, chat, buffle..
Ah, c'est l'heure de la ballade du buffle..Je les suis du regard...et m'arrête sur un vélo qui est là et qui à l'air de m'attendre...
Un coup d'oeil à gauche, à droite..personne n'en a besoin ???
Allez hop, j'en ai trop envie...
Je grimpe dessus et Camille s'installe sur le porte bagage...
Comme dans mon enfance..pas de casque , pas de siège enfant...
La sécurité, c'est pour notre bien, mais là, je sens comme un petit vent de liberté !!!
C'est parti pour un tour à la campagne...je m'amuse comme une folle...et arrive au bout d'un chemin pour assister à un match de volley de fin de journée..
Je suis immédiatement conviée à une partie.
Homme, femme, jeunes, plus âgés...Tous jouent avec un grand plaisir...et les points sont marqués à grand coup de rigolade et d'applaudissements...De mon côté, j'ai la pression...Il s'agit de ne pas faire perdre mon équipe d'autant plus qu'ils m'installent avec grand soin, à des postes stratégiques : tantôt au filet, tantôt au service...
Bon, je fais de mon mieux...et je m'attendris de voir à ma droite, sur un banc, des petits bébés qui me rappellent mes trésors plus petits, et qui atttendant sagement l'heure du repas dans les bras de leurs soeurs attentives...
En parlant de repas, j'essaie de quitter la partie pour prendre le mien...mais chaque fois je suis rattrapée par la manche et on m'ordonne de rester et de sauter plus haut...Je joue encore un peu de bon coeur, puis remercie et dis au revoir à tout le monde.
Le repas était ausi bon qu'à midi...
.